Menu
Libération
Critique

Beau temps mais orageux en fin de journée.

Article réservé aux abonnés
Cinécinéma auteur, 22 h 15.
publié le 5 décembre 2005 à 4h47

Y'a vraiment des types pas comme les autres. Pour son premier long métrage en 1985, Gérard Frot-Coutaz, de la bande à Diagonale (Vecchiali, Biette, Guiget, Treilhou...), décédé en 1992, auscultait le vieillissement avec de faux airs de vaudeville porté à l'écran, accostant sur des rives cruciales et rarement abordées, s'attaquant à la carcasse récalcitrante des vieilles névroses de couple avec une rare perspicacité. Frot-Coutaz, en compagnie de Jacques Davila, écrivit pour des acteurs dont il rêvait, Micheline Presle et Claude Piéplu, dont le duo met en évidence de désarmantes réalités. Jacques et Jacqueline sont deux anciens instits qui attendent leur fils Bernard (Xavier Deluc) accompagné d'une dénommée Brigitte (Tonie Marshall) à déjeuner, pour lequel ils ont décidé de faire un poulet, désigné illico comme running gag et objet transitionnel. Cet homme et cette femme, intelligents, qui s'aiment indubitablement, vivent à l'âge de la retraite un enfer permanent. Ce que décrit Frot-Coutaz avec la tendresse d'un humaniste et le scalpel d'un entomologiste, c'est un drame quotidien dont personne ne parle jamais, vécu par des millions de gens, considéré avec un haussement d'épaules comme faisant partie de la vie. Jacques et Jacqueline ne se comprennent plus ou trop bien, ils sont des étrangers trop familiers qui se livrent une guerre sans merci (laquelle serait possiblement un pis-aller à la peur du vide). L'hystérie féminine, cette déception-mais-de-quoi, cet épuisement dépressi