Ce machin à rallonge prouve que la langue anglaise n'est pas toujours expéditive et justifie, pour une fois, la conservation du titre anglais, moins cucu que «éternel éclat d'une âme immaculée» (encore que ça aurait été courageux d'essayer). Le Français Michel Gondry, clipman inspiré de Björk et de Daft Punk, n'a pas rejoint les rangs éparpillés et snobs du cinéma indépendant américain. Il est allé concocter son premier long métrage dans la grosse machine hollywoodienne, et, une fois franchie la barrière d'intimidation générée par une flopée d'images et des entrelacs narratifs en veux-tu en voilà, il faut reconnaître le film pour ce qu'il est : une comédie du remariage dans la plus pure tradition américaine.
Joel (Jim Carrey sans grimace, autant dire un type tout nu : émouvant) est un peu comme le Peter Parker de Spiderman : intelligent, timide, pas frimeur pour un sou, destiné donc à tomber sur une hystérique aux cheveux rouges : Clementine (Kate Winslet). Ils se rencontrent dans un train et on finira par comprendre que c'est en réalité leur deuxième rencontre. Entre-temps, ils se sont mutuellement effacés de leurs mémoires respectives (grâce à une opération neuropsychique à la mords-moi-le-noeud) mais on n'échappe pas si facilement à une fatale attraction. Joel et Clementine vont comprendre que même si c'était l'enfer entre eux, il est préférable à l'enfer séparément. Dans l'intervalle, Gondry aura livré une série d'acrobaties non dénuées de charme sur «temps et mémoire». E