«Hier vous avez hospitalisé le fils de votre femme, c'est ça ? Qui est schizophrène ? Oui. Parce qu'il y a eu une crise ? Oui, d'accord. Ça fait longtemps que la maladie a été dépistée ? Depuis 2000, ça fait cinq ans. Et il a quel âge aujourd'hui ? Il a 22 ans...» L'assistante sociale semble faire les questions et les réponses. Entre les silences et les bruits de souffle qui scandent ce monologue, se dévoile peu à peu la situation de son interlocuteur. Sans voix, suite à une ablation totale du larynx, l'homme s'exprime par écrit. Il ne travaille plus, ne touche aucune indemnité. Puisqu'il est marié, l'administration considère que sa femme doit subvenir à ses besoins, une source de conflit supplémentaire. Il envisage la séparation. Malgré les malheurs qui l'accablent, le type garde le sourire, affiche une vitalité débordante... du moins en apparence. L'assistante sociale, prodiguant ses conseils, rythme de ses rires et d'une bonne humeur contagieuse l'entretien qui s'achève sur les bruits de la rue et le gazouillement des oiseaux.
Ce documentaire poignant fait partie d'une série de huit, enregistrés, entre mai et juillet derniers, par Frédérique Pressmann dans le bureau de l'assistante sociale de Neuilly-sur-Seine. Intenses, courts (une douzaine de minutes chacun), ces reportages, mis en ligne sur arteradio.com au rythme d'un par quinzaine depuis la mi-octobre, nous plongent au coeur de fractures intimes, douloureuses, rappelant que si la vie n'est pas un long fleuve tranquill