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Libération
Critique

Vecchiali, regard entier.

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publié le 9 décembre 2005 à 4h52

Ce documentaire sur Paul Vecchiali est plutôt une interview chuchotée, comme si Emmanuel Vernières, le réalisateur, prenait toute la mesure de ce qu'il est en train de faire, jeter encore un peu de lumière sur une cinéphilie en train de disparaître. Il n'y a rien de triste là-dedans, les choses ont une fin, mais il y a de l'émotion à se dire que Vecchiali ­ ce n'est pas une question d'âge, plutôt une question d'âme ­ appartient au passé d'un cinéma populaire incroyablement singulier, aussi fougueux que subtil, duquel on s'éloigne à grandes enjambées. Quelques extraits suffisent, même à ceux qui ne le connaissent pas, pour donner une idée de l'intimisme épique qui baigne ses films.

Points de collision. Ainsi ce couple à poil sur un rocher : l'homme s'amuse à simuler une déclaration d'amour enflammée et puis le ton devient sérieux, les mots se gonflent d'une audace lyrique, et l'homme dit des choses qui font pleurer la femme de reconnaissance (Corps à coeur, 1978). L'une des marques de fabrique de la bande de Diagonale (Biette, Guiguet, Treilhou, Frot-Coutaz, rassemblés autour de cette société de production créée par Vecchiali) fut d'avoir trouvé des points de collision nouveaux entre comédie et tragédie, entre l'instantané de la prise de vue et la recherche d'une théâtralité, entre une forme de ressassement sentimental et une vitalité expérimentale.

«C'est grâce à la recherche que l'industrie avance, il y a des chercheurs, ils sont nécessaires», dit Vecchiali, rappelant ainsi s