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Libération

La séparation

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publié le 16 décembre 2005 à 5h00

Depuis plusieurs semaines, les députés s'affrontent autour du projet de loi portant sur la séparation des Eglises et de l'Etat. Ce matin, Paul Doumer, président de la Chambre, donne la parole à Maurice Allard, député du Var. Pour ce socialiste d'extrême gauche, les propositions d'Aristide Briand et de sa commission, visant à la séparation dans le cadre de la liberté de conscience, ne vont pas assez loin. Allard monte à la tribune avec un contre-projet. Briand semble soucieux. L'abbé Gayraud, député démocrate-chrétien du Finistère, le moque du regard. Le comte de Baudry d'Asson, élu royaliste de Vendée, est debout. Nous sommes le 10 avril 1905. Chaque mot prononcé dans l'hémicycle est soigneusement noté. «Messieurs, je ne dissimule pas la difficulté de ma tâche», nous dit Maurice Allard (1).

«Nous avons le droit de ne pas laisser se constituer au milieu de l'Etat laïc ­ et contre lui ­ cet Etat religieux particulier, cette société religieuse qui devient forcément un danger véritable quand elle est animée, comme l'Eglise, d'un esprit essentiellement hostile à tout progrès et à toute civilisation !» Hurlements à droite. «Scandaleux !» crie le baron. «Ça suffit !» intime l'abbé. Allard lève la main. Il continue. «Il ne faut pas se leurrer sur le sens de la séparation. Il y a telle ou telle séparation dont l'Eglise peut très bien s'accommoder. Mais nous, libres penseurs, quelle est la séparation que nous voulons ? Ce ne peut être que celle qui annonce la diminution de la malfaisan