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Libération
Critique

Rois et reine.

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Canal +, 20 h 50.
publié le 17 janvier 2006 à 20h04

Le roi est nu ? Ce ne serait pas un drame, sans doute même une étape nécessaire. Des rapports entre la névrose et l'art, le cinéma ne s'est pas privé d'apporter des preuves mais le cinquième long métrage de Desplechin est en soi une sorte d'épuisement définitif de la question. Déconcertant est ce portrait d'une femme qui n'existe pas. Dans la vraie vie (dont l'existence en revanche est toujours à prouver, d'où l'intérêt d'avoir le cinéma sous la main pour faire croire qu'on y croit un peu) certainement, mais comme personnage, rien du tout. C'est-à-dire qu'on ne voit pas le problème avec cette fille, on ne voit pas pourquoi un film, pourquoi une polémique (Marianne Denicourt considérant que sa vie a été pillée). On comprend que cette Nora pleure, qu'elle s'agite, qu'elle souffre, son père est mourant, celui de son fils s'est suicidé pendant qu'elle était enceinte et ce serait un peu à cause d'elle, à cause des scènes infernales qu'elle lui faisait : c'est pas à mourir de rire, ça, un homme se tire une balle dans le coeur parce que sa meuf lui prend trop la tête. Desplechin n'est pas si bête, il croit plutôt, qu'il emphatise jusqu'à l'expérimentation, en la puissance épiphanique de la spontanéité, dans la valeur esthétique du passage à l'acte (allez chiche), pour donner un peu de grandeur à tout, la vie et son cinéma. Alors il essore comme un fou mais ce coup-là, ça ne marche pas. En dépit de la présence très forte d'Emmanuelle Devos, le personnage de Nora n'imprime pas la pel