Un film sur les livres, sur les piles de livres, sur les chutes de livres. Une comédie sur la compulsion, la névrose, l¹engloutissement. Une confession douce-amère sur l¹état de fils d¹une mère qui s¹est livrée tellement corps et âme aux livres qu¹elle finit par se les prendre sur le coin de la figure. Un fils a peur que les livres deviennent le tombeau de sa mère. Il s¹installe chez elle et commence à virer les bouquins, comme s¹il fallait éloigner leur présence malfaisante, comme une vengeance de l¹enfance. Une mère qui se plonge pour elle-même dans un livre, c¹est toujours un scandale. Sans doute faut-il avoir un rapport complexe mais démystifié à la culture pour se permettre un tel autodafé dans un premier film. Il est touchant que l¹acteur Mathieu Amalric ait opéré son passage de l¹autre côté de la caméra, comme on dit, en interrogeant cette appartenance culturelle dont il est le produit (deux parents journalistes parisiens et apparemment addicts à l¹écrit sous toutes ses formes).
Mange ta soupe (1997) se laisse aller avec douceur à une sorte de bout de ficelle selle de cheval, se laissant guider avec modestie, et une drôlerie souvent au bord du sanglot, par son pari impossible : le portrait de sa propre mère, comme une énigme persistante qui n¹en a pas moins perdu son mystère, donc pénible. C¹est douloureux, transgressif, sans doute libérateur. Adriana Asti est juste géniale, rendant indécidable la folie douce de son personnage, assistée par des répliques tombées du cie