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Libération
Critique

Le trop-plein d'Histoire.

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publié le 3 février 2006 à 20h15

Trois remarques préalables : que serait Arte sans ses innombrables documentaires et débats israélo-palestiniens ? Que serait Israël sans le récurrent mythe de Massada ? Que serait la Palestine sans la sempiternelle métaphore de l'olivier ? Passé le mouvement d'humeur inspiré par ces clichés-là, ces deux documentaires ne sont pas sans vertu, sinon sans défauts.

Mon Pays, de Yulie Gerstel Cohen, dont le beau visage ravagé de tristesse ponctue presque chaque plan, convoque tous les poncifs d'Israël : le sionisme, la guerre de 1948, l'expulsion des Arabes, le kibboutz, les guerres, Massada, la Shoah, la colonisation. Avec cette question lancinante : «Dois-je donner mes filles à l'armée ? Soit pour mourir sous la bombe d'un kamikaze, soit pour tuer des Palestiniens...» Yulie interpelle l'historien Matti Golan, ses parents, l'histoire officielle de son pays, veut se «dépouiller de [son] nationalisme» et, aussi, de sa mauvaise conscience à l'égard des Palestiniens.

Yulie est la petite-fille d'un grand homme, Yossef Eliahou Chelouche, dont la famille, venue d'Algérie au début du XIXe siècle, a aidé à la naissance de Tel-Aviv et a su conserver des liens forts avec les Arabes de Jaffa. Elle a donc de qui tenir dans sa quête, un peu désespérée, d'une harmonie perdue avec ses voisins.

L'Oliveraie de mon grand-père, de Nizar Hassan, n'est pas moins exempt de clichés. La Naqba (la «catastrophe» de l'exil palestinien qui suit la création d'Israël), la terre perdue, les harcèlements des gouver