Benoît Jacquot fait partie de ces (trop) rares cinéastes qui, non seulement, ne dédaignent pas la télévision, mais s’en servent avec efficacité dans leur démarche artistique. On se souvient du ravissement procuré par sa Vie de Marianne d’après Marivaux en 1995 et, plus récemment, par Princesse Marie, sa biographie de la mécène de Freud incarnée par Catherine Deneuve (Libération du 4 mars 2004). Avec Gaspard le bandit, Benoît Jacquot fait coup triple : il assouvit son rêve de tourner un film de cape et d’épée, le genre qui, adolescent, l’avait fait rêver ; il inscrit à nouveau une fiction dans le XVIIIe siècle prérévolutionnaire, une époque qui l’a souvent inspiré ; et, à travers une oeuvre très grand public (sa plus accessible à ce jour), il réalise un vrai film d’auteur admirablement mis en scène.
Gaspard le bandit est adapté d'un roman de Jacques Bens, lui-même inspiré par la vie du «Robin des Bois provençal» Gaspard de Buisse. Un homme qui n'a «jamais tué, ni conduit personne à la misère. Tout le monde ne peut pas en dire autant parmi les gens de biens et de loi». Historiquement, Gaspard est mort sur la roue à 24 ans. Dans le téléfilm, Benoît Jacquot et son scénariste Louis Gardel ont choisi de le présenter comme un homme mûr qui décide lui-même de mettre fin à sa carrière à l'aube de la cinquantaine. Heureuse initiative, plus riche sur le plan dramatique, qui donne davantage d'intensité au jeu de cache-cache, puis à l'affrontement verbal entre Gaspard, l'homme porté par l