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Libération
Critique

Micros sur le trottoir

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publié le 18 février 2006 à 20h23

«Bernard... très gentil, très doux, cheveux gris argent, suce et baise normalement. 80 francs.» «Vieillard lubrique chauve. Garde son slip le plus longtemps possible. Minaude, pelote, baise.» «Roger. Suce. Enculé. Jouit aussitôt dans la bouche. 100 francs.» «Enorme cochon... Façon flic, brute, éjacule entre les seins. 70 euros. Demander plus.» «Beau jeune homme, blond, musclé, mystérieux. Maso... Esclave. Encore enculé. Sucé, baisé. 100 francs. La totale pour cent balles... hein !» De courtes descriptions de clients qui en disent long sur la face cachée de la gent masculine. Invitées à livrer leur quotidien au micro de Gérald Kurdian, des prostituées des quartiers toulousains posent un regard amusé sur leurs secrets d'alcôve qu'elles égrènent avec délectation et parfois un brin de consternation dans un documentaire diffusé dimanche sur France Culture.

«Avec nous, précise l'une d'elles, il n'y a pas d'enjeu, les hommes se lâchent... pas besoin de séduire... de prouver qu'ils sont beaux, forts et intelligents.» Et de légitimer ainsi leur raison d'être : «Les prostituées, elles prennent en charge la prédation sexuelle des hommes... elles sont là... dans ce besoin qui peut être immédiat, pervers, intellectuel, sado-maso, voire très sentimental...» Plus réservées en revanche quant à leurs propres motivations, «tu connais l'intimité des hommes... C'est ça qui me fait plaisir» (sic), elles réfutent l'idée de métier facile, même si l'une avoue : «Des fois, je prends mon pied, ça m'es