«Nous allons vous donner l'impression de parcourir la planète avec la réalisatrice de notre film, en retournant simplement là où elle a vécu enfant. Et vous n'allez pas aller bien loin. Pas besoin de prendre l'avion, pas de décalage horaire, puisque notre destination est Aulnay-sous-Bois, en banlieue parisienne. Nous allons plus précisément au coeur de la tour où elle a passé de nombreuses années, parmi les plus belles de sa vie», nous dit Stéphane Bouillaud. Affable, souriant, le présentateur parle les mains jointes comme le ferait un confieur de secret. «Dans son immeuble HLM, les différences semblent créer l'harmonie. Le souhait de la réalisatrice est de nous faire partager sa vision de la banlieue, qui est à l'opposé de celle qui vous est présentée chaque jour dans les journaux télévisés. C'est donc un autre regard qui vous est proposé ce soir. Et ça fait du bien.» (1)
«Tu vas faire des bananes ?» demande la réalisatrice. «Oui, je vais faire des bananes», répond Tino. Tresses perlées, chemisier clair moucheté, Tino est congolaise. Penchée sur son évier, elle ouvre au couteau une grande banane à cuire. «Mais toi, en général, tu fais plutôt de la cuisine congolaise ou de la cuisine française ?» «Les deux. Je peux manger deux ou trois fois par semaine la cuisine congolaise, et puis après c'est la cuisine française.» «Et toi, c'est quoi que tu dirais que t'as vraiment conservé du Congo ?» «Je suis plus européenne que congolaise. J'aime bien fréquenter les autres communautés,