Menu
Libération

Le foudroyage.

Article réservé aux abonnés
publié le 27 février 2006 à 20h27

Lorsqu'un vieil immeuble HLM est détruit à l'explosif, loin du souffle et des volutes grises, les barrières de sécurité contiennent ceux qui pleurent et ceux qui applaudissent. Le jeudi 27 octobre 2005, à la Duchère (Lyon), la barre 210 était terrassée à son tour. Cette fois, il s'agissait d'ouvrir une voie nouvelle et de créer un centre de quartier. En 1962, ce sont les rapatriés d'Algérie qui se sont installés ici, puis d'anciens agriculteurs, puis des Nord-Africains, des Africains, des Asiatiques. Durant trois ans ­ avant le foudroyage ­, le réalisateur Guy Darbois a poussé les portes de la barre 210, assisté aux réunions de quartier, écouté les amoureux de la Duchère et les déçus du quartier, l'espoir et le désespoir mêlés. Les occupants des 330 logements détruits ont été relogés. Et si certains ont résisté, occupant leur appartement jusqu'au bout avant de retrouver un toit à deux barres de là, d'autres ont quitté la Duchère sans regret. Nous sommes en janvier 2004. Madame Ben Tekhici déménage sans attendre. Elle quitte le quartier (1).

Le canapé est emballé, porté par deux hommes dans l'escalier étroit. «Quand on a des enfants, faut pas rester à la Duchère. Il y a trop de mauvaises influences. Moi, j'ai une enfant qui est en pré-adolescence là, et elle commence à être difficile.» «A cause ?» demande Darbois. «Des fréquentations. Le collège du quartier, les copines du quartier. Alors c'est bien tombé, le déménagement. Je suis très contente.» L'habitante est adossée au cha