Nous sommes sur un parking de cité HLM. C'est l'hiver. Arbres nus, immeubles gris, silence, soleil du matin. Agenouillée sur le trottoir, une jeune femme inspecte son scooter. Elle porte un jean, un blouson de cuir, une écharpe enroulée autour du cou. Au bout de la rue, une voiture arrive. Une Smart roadster cabriolet noire, immatriculée dans le 93. Deux hommes à l'intérieur. Celui qui conduit est habillé sport. L'autre porte une veste de tweed et un col roulé noir. La voiture s'arrête à hauteur de la femme. Elle se lève, casque à la main. L'homme en tweed lui sourit (1).
«Etes-vous de ce village ?» «Oui, monsieur», répond la jeune femme. «Et vous y demeurez ?» «Oui, monsieur.» Il l'examine, lentement. «Vous vous appelez ?» «Charlotte.» «Aaaah ! Quelle belle personne ! Et que ces yeux sont pénétrants !» Charlotte rit, baisse les yeux, se dandine. «Monsieur, vous me rendez toute honteuse !» «Ah ! N'ayez point honte d'entendre dire vos vérités» L'homme en tweed descend du cabriolet. Il avance vers la jeune femme. La regarde mieux. «Tournez-vous un peu, s'il vous plaît.» Charlotte tourne. «Ah ! Que cette taille est jolie ! Haussez un peu la tête, de grâce ! Ah que ce visage est mignon ! Ouvrez vos yeux entièrement. Ah ! Qu'ils sont beaux ! Que je voie vos dents, je vous prie ! Ah ! Qu'elles sont amoureuses ! Et ces lèvres appétissantes ! Pour moi, je suis ravi, et je n'ai jamais vu si charmante personne.» Charlotte fait la moue. «Monsieur, cela vous plaît à dire, et je ne sais p