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Libération
Critique

Le Nagra, un outil toujours bandant.

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publié le 28 février 2006 à 20h28

C'est un double hommage que rend ce soir l'Atelier de création radiophonique (ACR). D'abord à Yann Paranthoën, un des grands opérateurs du son de Radio France (notamment pour l'ACR ou les Nuits magnétiques) décédé il y a un an à l'âge de 69 ans. Et en second lieu à son inséparable compagnon de route, le Nagra IV S n° 3328, la Rolls Royce des magnétos à bande, avec lequel Yann Paranthoën cisèlera avec un style sans pareil la mémoire sonore du monde, ce qui lui vaudra le surnom de «tailleur de sons». A travers un documentaire réalisé en 1987 et rediffusé ce soir, le maître nous convie au pays du Nagra, sur les traces de son génial inventeur et de ses complices d'alors.

«Poids : 8 kilos, value : 36 000 francs, country of origin : Suisse.» L'aventure de cet objet culte débute en 1949, dans la chambre d'un étudiant à l'Ecole polytechnique de Lausanne, Stéfan Kudelski. Passionné de robots, ce dernier imagine d'utiliser les bandes magnétiques pour mémoriser les instructions. Pour se faire la main, il construit donc quelques magnétophones. Radio-Genève fut le premier intéressé. Lorsqu'il fallut donner un nom à ce petit appareil sans fil à la patte, que Kudelski considérait comme «une petite aventure sans lendemain», il choisit une étymologie slave, nagra : «Ça veut dire "il enregistrera" en polonais, tout simplement.»

Aux Nagra I et II, suivront dès 1957 la série III, puis la IV. «Le trois, c'était une machine beaucoup plus sérieuse. Et comme je n'avais pas de possibilité de les entre