Il se fait appeler le Docteur. Nous le voyons à peine. Une ombre grise au centre d'une image floue. Après la chute de Bagdad, à ses frais, ce jeune Libanais a rejoint l'Irak pour lutter contre les Américains. Il voulait mourir en martyr. Il ne l'a pas fait. Parce qu'il savait lire et écrire, son chef lui a demandé de renoncer, de retourner chez lui et de collecter l'argent pour la guerre. Stylo posé sur une carte routière, il nous raconte son voyage irakien (1).
«Pour traverser la frontière, nous avons emprunté des petites routes détournées et nous sommes arrivés à Mossoul, première étape de notre voyage en Irak. Et de là, nous sommes partis vers Bagdad. C'était deux heures de route et il n'y avait pas un seul soldat américain pour contrôler nos papiers ou notre nationalité. Après Bagdad, nous sommes allés à Fallouja. Là-bas, j'ai visité trois maisons. Dans chacune, il y avait de nombreux combattants. Il y en avait quinze dans la première, dix dans la deuxième et sept dans la dernière. Les propriétaires de ces maisons avaient fait partir leurs femmes et leurs enfants pour accueillir les moudjahidin et surtout les kamikazes. On attendait notre tour pour passer à l'action. Nous étions étudiants, on n'avait aucune expérience militaire. Nous ne savions rien des kalachnikovs. C'est pour ça qu'on préférait faire des opérations- suicide contre les Américains. La grande majorité des gens étaient des Saoudiens. J'ai même rencontré un Saoudien qui ne savait pas où était l'Irak. Il étai