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Libération

Les menottes.

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publié le 6 mars 2006 à 20h32

Youssouf Fofana est arrivé à l'aéroport Félix-Houphouët-Boigny à l'arrière d'un pick-up 4x4 aux vitres teintées. Deux motos hurlantes ouvraient la route, et aussi un véhicule blindé de la gendarmerie ivoirienne. Dans une autre voiture, Mamadou Koné, ministre de la Justice. Abidjan, samedi, 8 h 30. Dans les salons d'honneur, attend Michel Dejeahger, consul de France. C'est par une grille attenante aux salons que les gendarmes ivoiriens mènent l'assassin présumé d'Ilan Halimi sur le tarmac. Nous les suivons (1).

«Fofana ! C'est le retour en France, là ?» Question de journaliste. Youssouf Fonana marche tête basse, tournée sur le côté. Il évite le regard des caméras. Il est menotté dans le dos. Il avance au jugé. Deux gendarmes ivoiriens l'encadrent. Treillis commando, cagoule bleue, drapeau national sur l'épaule, ils le mènent à l'avion qui attend en milieu de piste. Fofana ne regarde rien. Il fixe le sol. Survêtement gris et noir, capuche dans le dos, il est grand, massif, il ne résiste pas. Des gendarmes armés de fusils d'assaut ouvrent la marche. Contre un mur de l'aéroport, un parachutiste regarde passer la troupe. Sur le parking, nous voyons le ministre ivoirien de la Justice remettre une chemise bleue à sangle aux officiels français. La caméra s'approche. Une étiquette blanche est scotchée sur la couverture. «Dossier relatif à la procédure d'extradition de monsieur Fofana Youssouf.» Le ministre sourit. Nous ne l'entendons pas. Dans un coin du tarmac, un lieutenant ivoirien