Nous sommes en direct de l'Assemblée nationale. A l'heure où manifestent partout les opposants au contrat première embauche (CPE), Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste, s'avance au micro. Il pose sa question. Le Premier ministre lui répond (1).
«Ce peuple qui marche n'est pas une cohorte de passéistes ou de privilégiés. Les Français qui aujourd'hui manifestent massivement n'ont rien d'autre à demander que la dignité de leur travail, le respect de leurs efforts, la reconnaissance de leur contribution aux résultats de nos entreprises. Monsieur le Premier ministre, ils ont longuement pesé votre projet. Ils en ont étudié les contours, sans oeillères, prêts à croire que c'était mieux que rien. Et puis ils ont découvert ces centaines de contentieux : ces licenciements au jour le jour, sans motif et sans préavis ; ces remplacements express d'un salarié par un autre dans l'arbitraire le plus complet. Ils ont vu votre gouvernement piétiner la négociation sociale, contraindre le Parlement, ignorer leur propre désarroi. Alors ils ont compris ce que vous vouliez leur cacher. Votre politique a une apparence : l'ordre et l'inflexibilité. Elle a une réalité : la flexibilité et le désordre. Vous êtes le gouvernement de l'abaissement social et de la désunion nationale. Non, monsieur le Premier ministre, on ne gouverne pas seul contre une nation. Alors la question est simple : allez-vous retirer maintenant le CPE ?»
La parole est à Dominique de Villepin. «Monsieur Ayrault, la peur