Depuis combien de temps des hommes et des femmes se confient-ils à la caméra ? Trop longtemps, c'est sûr. A preuve, l'agacement qui saisit le spectateur face à ces films confessions, auxquels, hélas, n'échappe pas le documentaire de Richard Dindo. A ce documentariste rigoureux, inspiré, on doit de très beaux films sur Rimbaud, sur Genet à Chatila ou sur Charlotte Salomon. Le thème de la survivance le passionne. Il sait le filmer. Pourtant... Marie, Liliana, Corinne dont il a choisi de faire les portraits n'y peuvent rien, mais le spectateur, face à elles, n'est pas vierge.
Marie est plutôt sympathique, petite fille trop aimée, trop douée peut-être. Depuis ses 15 ans, elle a des pulsions suicidaires. Elle est filmée un jour d'hiver, en partance pour une matinée de ski. Cela va mieux depuis sa dernière tentative de suicide. Elle fouille dans son sac, montre un bel Opinel avec lequel, parfois, elle se taillade l'avant-bras. Sa peau est zébrée de traits rouges ou bruns. «Tu trouves ça beau ?» lui demande le réalisateur. Marie ne trouve pas ça joli, mais elle ne peut pas s'en empêcher quand, certains jours, l'angoisse de l'abandon, la fascination de la mort volontaire sont trop fortes. Elle peut bien expliquer sa peur de l'échec, l'ambivalence où elle vit, entre désir de vie et désir de mort, n'empêche, il y a ses bras que l'on regarde sans comprendre. Dans l'absence même d'élément d'explication, un visage du suicide se dessine, cette part de mystère à quoi les proches se trou