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Libération

Le courage.

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publié le 15 mars 2006 à 20h37

Nuit du 13 septembre 2002. François Chenu est sauvagement battu avant d'être noyé dans un étang du parc Léo-Lagrange, à Reims. Franck, Michaël et Fabien n'avaient pas trouvé d'Arabe, ils ont tué un homosexuel. Le 8 octobre 2004, Fabien et Michaël ont été condamnés à vingt ans de prison. Mineur au moment des faits, Franck a été puni de quinze ans. Six mois après le procès, les parents de François ont écrit aux meurtriers. Jean-Paul Chenu est à gauche de l'écran, Marie-Cécile à droite. Ils nous lisent leur lettre (1).

Marie-Cécile dit : «Nous décidons de vous écrire aujourd'hui, nous les parents de François. Nous ne savons pas si vous accepterez de nous lire et, surtout, de nous répondre. Durant ces trois jours de procès, nous vous avons regardés, écoutés, nous avons essayé de décrypter votre logique de haine sans y parvenir. Nous avons essayé de comprendre l'engrenage qui vous a fait basculer dans l'assassinat de notre fils.» Jean-Paul dit : «François ne vous connaissait pas. Vous ne le connaissiez pas. Il vous a fait confiance. Il croyait en l'homme. Quelles que soient sa couleur, ses coutumes. Il ne vous a pas fuis. Il vous a dit ce qu'il pensait. Vous l'avez massacré, par peur et par haine. Vous avez fait basculer sa vie et les vôtres. Vous avez nié son humanité. Vous avez trahi votre propre humanité.» Elle dit : «Lors du procès, nous avons découvert vos vies, vos familles, votre entourage. Mais, surtout, nous avons entendu de votre part des mots indiquant ­ nous semble-t-i