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Libération
Critique

Whirlpool (3).

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CINéCINéMA CLASSIC, 11 h 10.
par
publié le 22 mars 2006 à 20h41

Lèvres ourlées, elle s'avance dans le noir. Ses yeux sont à peine ouverts mais c'est suffisant. Sait-elle qu'elle est une voyante ? Pas le temps de réfléchir, elle souffre trop. Dans sa peau, dans son âme, dans son corps. S'éprendre d'hommes impossibles, c'est sa spécialité. Elle ne voit qu'eux, ils ne voient qu'elle. Le personnage que joue Gene Tierney lui ressemble comme une ombre, une soeur de l'ombre. Dans la pénombre, on distingue quelques disques noirs. Ils viennent d'un autre temps, le temps de la nuit, le temps de l'amour. Des vinyles, des 78 tours. Qui vient là ? Qui chante là ? Ce ne sont pas des chansons, plutôt des confessions. Sur ces disques, des hommes et des femmes livrent leurs secrets. Ils se confient en toute intimité. Les disques sont là, bien rangés. Ils brillent dans la nuit.

Whirlpool raconte l'histoire d'un homme, un certain docteur Korvo, qui veut à tout prix récupérer l'un de ces disques. Cette femme, Gene Tierney, il la prépare pour ça. Elle est malade, c'est une voleuse. Il la soigne, il l'hypnotise. Comme il l'a tirée d'un mauvais pas, elle se confie à lui de tout son corps consentant, ce corps qu'elle refuse sans doute à son mari, un psychanalyste qui l'utilise comme plante d'appartement, sans avoir la moindre idée de ses souffrances. Qui ne connaît pas une femme ne l'aime pas. Le mari est raide, c'est Richard Conte. Korvo est fascinant, c'est José Ferrer. L'homme qui filme tout ça s'appelle Otto Preminger. S'il n'avait filmé que Gene Tierney dan