Après La Poste modern style analysée par Marie-Pierre Jaury (Libération du 16 mars), France 5, chaîne de service public, en remet une couche. C'est au tour de Gilles Balbastre, journaliste inspiré, d'ausculter le cas EDF tel qu'il a été réglé, dans les années 90, par les tenants français et européens de l'ultralibéralisme. Et son diagnostic est sanglant.
EDF est, depuis 1946, une entreprise publique qui produit, achemine et distribue l'électricité. Un service public essentiel de nos vies qui sait, en permanence, trouver l'équilibre entre l'offre et la demande des citoyens. Mais, dans les années 80, c'est le libéralisme roi qui, peu à peu, colonise les esprits. Ainsi, «après cinquante ans de bons et loyaux services, l'arrêt de mort de l'entreprise» est programmé. Pourquoi ? L'Union européenne est en construction, et les libéraux clament que tout est concurrence. La commission où sévit le thatchérien Leon Brittan n'y va pas avec le dos de la cuillère : «La concurrence est gage d'efficacité économique partout où on l'introduit, [...] la concurrence fait tomber les frontières.» On l'écoute, même si, comme l'avoue Claude Desama, membre de la commission, «c'est vrai, il y avait une méconnaissance du produit électricité».
Peu importe : les gouvernements français, de droite mais surtout de gauche, ne vont rien trouver à redire à cette philosophie et préparent la dérégulation du marché, autrement dit la privatisation à terme d'EDF. «De concession en concession, comme le dit Franck Boro