Reprendre Gainsbourg sur scène est un exercice casse-gueule. En l'espèce, le style importe plus que le talent ou le travail ; jouer les malins ne sert à rien : les relectures décalées sont souvent les plus atroces. A ce jeu cruel, la plupart des invités de cette Musicale sortent essorés. Philippe Katerine, Daniel Darc et Miossec, tellement attendus dans leurs rôles d'artistes français au vécu très lourd, se disputent depuis un canapé la primeur d'un bon mot ou d'une mauvaise provoc'. Jane Birkin s'en tient au service minimum (anecdote, promo), Carla Bruni n'y peut rien : on a plus envie de la regarder que de l'écouter. Le contingent français s'englue en clins d'oeil distingués à la figure originelle, à deux exceptions près. Dionysos, brut, direct, fait pétarader une version de Dr Jekyll et Mr Hyde jusqu'à épuisement. Emilie Simon, charmante en college girl un peu timide, rafraîchit l'Anamour de sa voix claire.
La division des Anglais envahit mieux le territoire Gainsbourg tout simplement parce que, pour eux, il n'a rien de sacré. Dans leurs souvenirs, il est juste un type plutôt moche qui parle plus de cul plus que la moyenne des chanteurs de variétés. Brian Molko, de Placebo, l'a découvert à la télé quand il susurrait, chez Drucker, des cochonneries à Whitney Houston. Hotel et VW de The Kills le trouvent assez «bizarre», donc dans leurs goûts. Jarvis Cocker (Pulp) fait hommage à la classe naturelle de l'absent et The Rakes enfile le Poinçonneur des Lilas (A Man With a Job) s