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Libération
Critique

Quand avorter était un crime.

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publié le 3 avril 2006 à 20h49

Un double anniversaire. Celui du manifeste des «343 salopes» qui, le 5 avril 1971, osaient dire en une du Nouvel Observateur qu'elles avaient avorté ­ des salopes criminelles puisque, depuis une loi de 1920, l'interruption volontaire de grossesse était un crime. Mais aussi celui du procès de Bobigny, en 1972, où Michèle Chevalier fut jugée pour avoir aidé Marie-Claire, sa fille, mineure, à avorter. Le film de François Luciani reprend donc l'histoire de ce procès et de ce combat. Martine (Sandrine Bonnaire, impeccable) est poinçonneuse à Porte-des-Lilas, elle a trois enfants de trois pères différents. Léa, la fille aînée, a 16 ans. Un jour, la tuile : elle est enceinte. Elle est montée chez un garçon, elle n'imaginait pas qu'il la toucherait. Seule solution : avorter. Mais quand on est pauvre, on n'a pas les 5 000 francs nécessaires. On n'en a que 8 00 que l'on donne à une «faiseuse d'anges» qui n'a jamais opéré que sur elle-même. L'intervention tourne mal, Léa se retrouve à l'hôpital. Puis le gamin qui a violé Léa tombe pour trafic de drogue et dénonce Martine aux flics. D'où la scène hallucinante où la mère et ses trois enfants sont emmenées au poste. Martine, inculpée, prend Gisèle Halimi comme avocate. Elle vient de créer l'association Choisir, et va faire de ce procès l'occasion de dénoncer une loi imbécile et hypocrite. Le film retrace bien les audiences. Anouk Grinberg fait une Gisèle Halimi plus vraie que nature. Les témoignages des professeurs Milliez et Monod sont é