«Du jour au lendemain, on pourrait aussi nous jeter... C'est horrible de te déraciner comme ça. Et c'est vrai que nous, maintenant, on s'attache, on a une vraie petite vie de communauté. On est tellement bien ici... Ces terres sont tellement belles, ces endroits sont tellement paradisiaques qu'on n'arrive pas à imaginer que le jour où on partira on ne les reverra plus jamais, ces terres-là, parce qu'on ne pourrait plus y retourner.» En août 2005, Hannah quittait Paris pour s'installer avec mari et enfants à Ophra, une colonie de Cisjordanie, «de Judée-Samarie», nuance-t-elle. En septembre, Sophie, sa soeur, dévoilait avec une pointe d'amertume les raisons de cette alya («montée en Israël») dans Nous autres, l'émission de Zoé Varier sur France Inter (Libération du 23 septembre 2005). C'est la suite de cette aventure qu'elle propose dimanche sur France Culture.
Sophie s'est rendue en Israël en décembre. Magnéto en bandoulière, elle a pu autopsier de l'intérieur le quotidien de cette famille de colon. Une situation privilégiée pour un reportage inédit dans une communauté qui vit repliée sur elle-même, galvanisée par un puissant sentiment religieux et rythmée par les alarmes du shabbat. «Quand on est arrivés ici, on a eu un coup de foudre, Raphaël et moi. On s'est dit "mais c'est ça"... J'ai l'impression que je vois Abraham... J'ai l'impression de voir Moshé Rabinou sur les plaines de Judée-Samarie se promener.»
La religion constitue ici l'ultime argument pour légitimer à la fois