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Libération
Critique

Le dernier voyage de Stevenson

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publié le 14 avril 2006 à 20h56

L'affaire avait tout pour séduire : en deux parties, les aventures de Robert Louis Stevenson et de sa femme, Fanny, les îles Samoa où la mauvaise santé de l'écrivain et une solide avance d'éditeur les avaient conduits en 1888. Comment ils vécurent dans leur faré de Vailima, phalanstère idéal. Comment ils prirent fait et cause pour les Samoans, pillés par les Allemands, les Anglais et les Français. Comment le romancier puisa là une nouvelle inspiration, une nouvelle écriture.

La chose, cosignée par Michel Le Bris, biographe de Stevenson, éditeur impeccable, donnait envie. Las ! Effaré, on tombe sur un téléfilm poussif. Jane Birkin joue la laboureuse de la paix avec une obstination insupportable. Certes, Fanny ne fut pas ce personnage détestable, avide, que des éditeurs, critiques et écrivains malfaisants fabriquèrent : elle soutint jusqu'au bout les ardeurs littéraire et politique de son mari. Jane Birkin lui enlève toute réelle passion, confondant agitation et action. Seul, Stéphane Freiss s'en tire. Par moments passe un peu de ce feu dont on imagine qu'il habita l'auteur des Aventures de David Balfour. Les autres comédiens font ce qu'ils peuvent pour donner de l'air à des dialogues démonstratifs.

Ces imbéciles de Blancs campent sur leurs certitudes raciales et leur cupidité. Leurs femmes sont corsetées de haut en bas, face à des Samoanes qui sont la beauté même. Beauté que cherchait justement Stevenson, au coeur de ce deuxième «Silverado» où il mourut. C'est pour elle qu'il s