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Libération
Critique

Les vrais morts du faux jour J

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publié le 3 mai 2006 à 21h07

«Ils nous ont dit : "Fermez vos gueules et ne parlez jamais de cela, pas même avec vos camarades, sous peine de passer en cour martiale."» Avril 1944, sud de l'Angleterre. Avec d'autres gars engagés volontaires de l'armée américaine, Steve Sadlon vient de participer à une répétition du jour J, prévu pour le mois de mai. Nom de code : «Exercice Tiger». Le 27 avril, il a embarqué sur l'un des cinq landing ships tanks (LST), les péniches de cent mètres de long pouvant contenir 500 soldats, 50 jeeps et des dizaines de blindés. Le convoi T4 se dirige vers Lime Bay, au large de Slapton et Brixham. L'opération a été gardée secrète. Seuls les initiés savent qu'il s'agit d'une répétition et non du vrai débarquement. Mais les choses ne vont pas se dérouler comme le général Eisenhower, commandant suprême des forces alliées, l'espérait. L'opération utilise des unités de marine pour transporter les troupes d'une côte à l'autre et des GI formés aux opérations terrestres. Mais la communication entre eux est mauvaise, voire nulle. Pis : Britanniques et Américains utilisent des fréquences radio différentes. Le convoi est lancé sans protection : le destroyer américain qui devait l'escorter, endommagé, n'a pas été remplacé. L'amiral Moon, qui dirige l'opération, a mésestimé la puissance des vedettes lance-torpilles allemandes.

Ce 27 avril, les 5e et 9e flottilles quittent le port de Cherbourg. Quand le LST 507 arrive dans les eaux de Lime Bay, il est tout de suite repéré. Et visé. Puis c'est le