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Libération
Critique

Revotez Coluche !

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publié le 16 juin 2006 à 21h27

Tous à vos chrysanthèmes, on va fêter l'anniversaire de la mort de Coluche. Enfin, ceux qui veulent. Josiane Balasko a fabriqué son propre bouquet en écrivant et disant le texte du documentaire. Le film est d'une agréable absence de prétention : pas de thèse philosophico-socio-culturelle sur le phénomène Coluche. Peut-être parce que c'était son pote. Surtout parce que ce serait gonflant. Mieux vaut passer en revue, trop brièvement hélas, sa carrière, ses cibles favorites : flics, beaufs, militaires, hommes politiques. Délectation de revoir ses sketches. Là, évidemment, on se dit : quelque chose nous manque. Délectation plus grande encore de le revoir face à un colonel. On regarde ce monsieur, on se dit : ça se reproduit ces gens-là, son fils ou sa fille vit aujourd'hui en France et il ou elle ne doit pas plus aimer le rap engagé que son père n'aimait Coluche, toutes choses étant égales par ailleurs. Plus loin, on entend une dame confier : «Faut pas lui dire, mais qu'est-ce qu'il est lourd, hein ?» Qu'est devenue cette dame ? S'est-elle reproduite ? La France d'alors vivait sous Giscard, président raffiné, léger, qui voulait regarder son pays au fond des yeux. Louis Pauwels, grand penseur du Figaro Magazine, qui parlera plus tard de «sida mental» lors des manifestations des lycées de 1986, dit qu'il lui arrive d'écouter les émissions de Coluche et qu'il n'en tire pas de plaisir. Le drôle est qu'un journaliste de la télé d'alors ait dû se déplacer pour recueillir cette sainte