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Libération
Critique

Deux femmes au regard chic.

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publié le 30 juin 2006 à 21h37

Soyons snob ! Et chic ! Mais le vrai, celui qui ne s'affiche pas, mais se vit. Pour inaugurer une très belle série sur les extravagants que le XXe siècle sut produire, place à deux femmes, deux charmes. Deux regards surtout. Celui, d'abord, d'une petite fille américaine dont le père disparaît dans le naufrage du Titanic. Peggy Guggenheim avait hésité à fonder une maison d'édition, recula, persuadée qu'elle allait y engloutir trop d'argent. Alors l'héritière se fit collectionneuse et s'imposa d'acheter un tableau par jour. Un régime qu'elle savait oublier. On dira : dans ces années-là, ce n'était pas dur, on avait le choix entre Picasso, Braque, Ernst (l'amour de sa vie), etc. Encore fallait-il avoir l'oeil et savoir acquérir le seul tableau qui ferait date. Peggy l'extravagante aux lunettes uniques avait cet oeil-là. De New York à Venise, le film nous promène dans un monde seulement préoccupé du beau. C'est rare, de nos jours.

On passe ensuite dans le monde de Madeleine Castaing, décoratrice unique, qui permit à Chaïm Soutine de peindre. Cette femme aux yeux perpétuellement écarquillés avait ce qui ne s'achète ni ne se perd : le charme. Folle d'amour pour son mari Marcellin, érudit et sportif, elle ne sculptait ni ne peignait. Mais avait le génie de la décoration. De sa maison de Lèves à son magasin du VIe arrondissement, c'est la beauté en action. Les genres se choquent. Et, au-dessus de ce monde, trône une étonnante femme que cette série exhausse au rang d'icône. Pour un pe