Dans cet Israël-là, il y a Franco, ancien flic, un peu salaud, beaucoup paumé. Il y a des Ukrainiennes qui ne rêvent pas longtemps d'une terre promise. Des Thaïlandais qui marnent comme des esclaves dans une plantation. Un père qui tyrannise son fils. Une femme qui quitte un homme. Il y a l'histoire banale de femmes qui ont quitté leur misère de l'Est et font les putes pour les Juifs comme pour les Arabes : le maquereau est prêt à les vendre au plus offrant. Dans cet Israël-là, il y a une ville, jamais nommée, sale, bruyante. Une route, la 146. Et un désert. Surtout parce que le film est l'emmêlement de plusieurs histoires, il n'y a pas Israël face à l'Histoire. Aucun héros, ni Franco (Uri Gavriel, superbe) ni Jana (Evelyn Kaplun), n'est embarqué dans la tornade de l'actualité. Il y a bien les civils qui vont faire leur période de réserve dans Tsahal, il y a bien la clôture de la frontière égypto-israélienne, mais tout se passe comme si ces gens-là habitaient un autre espace, un autre temps. Comme s'ils avaient quitté le temps. Jala perd son sac dès les premières images du film et, avec lui, les photos de sa mère et de sa fille restées en Ukraine. Si elle tente de leur téléphoner, le fil se rompt vite. Franco, qui fait si mal semblant d'être un salopard, n'est pas mieux loti : sa vie entière est bâtie sur le mensonge. Les personnages flottent. Plutôt, essayent. Ils apprennent. Au fil des séquences, l'absence totale d'histoire apaise le spectateur, avant, bien sûr, de le plon
Critique
Pas d'Histoire, juste des histoires.
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par Sophie ROSTAIN
publié le 4 juillet 2006 à 21h50
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