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Libération
Critique

Painlevé, la science de la parabole

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publié le 25 août 2006 à 23h03

Aux acteurs et à la fiction, Jean Painlevé préférait les pieuvres et les hippocampes, «parce qu'on ne sait jamais à l'avance comment les protagonistes vont réagir». Un beau portrait documentaire signé François Lévy-Kuentz rend hommage à ce grand monsieur du cinéma scientifique dont l'oeuvre foisonnante (plus de 200 courts métrages) séduit autant les chercheurs en faune marine que les amateurs d'avant-garde artistique. Fils rétif aux études d'un président du Conseil sous la IIIe République, Jean Painlevé (1902-1989) est venu au cinéma par la pratique autodidacte du microscope et... la fréquentation assidue du Jardin des Plantes. Après une première réalisation consacrée à l'oeuf d'épinoche dès 1924, il a inventé des appareils de prise de vue (une caméra fixée dans un caisson étanche, un aquarium studio...), pour «donner à voir par la technique ce que l'oeil humain est incapable de voir» et «repousser les limites de la science et de l'imaginaire». Dans les courts métrages de Painlevé, chéris par le mouvement surréaliste, l'hippocampe danse avec la grâce d'une ballerine, l'acera (petit mollusque aux airs de limace) semble battre des ailes comme un papillon, les oursins se figent en un tableau abstrait et une vision microscopique des cristaux liquides devient un trip psychédélique. Scientifique et artiste, Jean Painlevé était aussi un citoyen engagé. Voyez ce film sur le bernard-l'ermite devenu prétexte ludique à l'évocation de la crise du logement dans les a