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Libération
Critique

J.H. cherche identité désespérément.

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publié le 28 août 2006 à 23h04

La vie de Doug Bruce a basculé pendant la nuit du 2 au 3 juillet 2003. Au petit matin, ce beau gosse new-yorkais erre dans Coney Island. Il ne sait plus qui il est, ce qu'il fait, où il habite. A l'hôpital, où des policiers dubitatifs l'ont conduit, le verdict tombe : «état de fugue», une forme d'amnésie rarissime... et radicale. Unknown White Male raconte la délicate reconstruction de Doug, ses tentatives de retrouver une identité, lui qui, ignorant désormais tout de son passé, ne sait pas non plus comment vivre le présent. Pour le jeune homme qui doit tout réapprendre, tout devient nouveauté : un bain dans l'océan, le goût des aliments, tomber amoureux... Il y a bien les photos de son enfance, les vidéos de sa jeunesse, mais, comme l'explique le réalisateur, Rupert Murray, ami de Doug, on ne peut pas reconstituer un individu à partir d'images «déformées par les regards de la caméra et de celui qui filme». «Suis-je resté le même ? Ou suis-je une page blanche sur laquelle va s'écrire ma nouvelle personnalité ?» demande Doug à son père bien incapable de lui fournir une réponse. L'interrogation angoissante court durant les 90 minutes de ce docu étonnant en dépit de chichis formels regrettables ­ images accélérées, filtres de couleur copiés sur Eternal Sunshine of the Spotless Mind, fiction sur un sujet voisin de Michel Gondry, qui a d'ailleurs émis des doutes sur l'authenticité des faits d'Unknown White Male. Ses proches finissent par s'habituer au