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Libération
Critique

Les pauvres et les vieux... dehors

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publié le 12 septembre 2006 à 23h15

Janvier 2006, dans l'Altaï, à 3 000 kilomètres de Moscou. Le député libéral Vladimir Ryjkov tient une réunion publique. Une femme de 80 ans parle : ouvrière pendant 57 ans, elle touche une pension de 69 roubles (2 euros) par mois. Trop peu pour payer le foyer collectif dans lequel elle vit. Comme les autres participants, elle met en cause la pérestroïka des années 80. Le député Ryjkov écoute, mais ne se leurre pas : «Dans le système actuel, il n'y a aucun lien entre le peuple et le gouvernement.» La Russie que dirige Poutine ne s'embarrasse pas des pauvres. Son conseiller, Gleb Pavloski, est clair : «Si l'Etat avait essayé de mettre en oeuvre des avancées sociales, il aurait fait faillite.Dans l'espace post-soviétique, toutes les économies efficaces se sont débarrassées de ce système d'aides sociales qui datent du communisme.» Mort aux vieux, aux handicapés.

Dimitri fut des «liquidateurs» de Tchernobyl. A ce jour, les médecins lui ont diagnostiqué 16 maladies. Il touche une pension de 110 euros, à quoi devraient s'ajouter 80 euros pour l'achat des médicaments. Non versés à ce jour. Comme 20 000 Russes, il a porté plainte auprès de la Cour européenne. Sans espoir. La Russie unie de Poutine n'aime pas plus ceux qui sont saisis de fièvre démocratique. Valery Savinkov, journaliste indépendant, anime un site Internet. Peu de temps avant les dernières élections, il reçoit la visite de deux hommes venus de Moscou qui lui «proposent» de mener une campagne de calomnie co