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Libération
Critique

Delfeil sur le ton de la confidence

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publié le 25 septembre 2006 à 23h25

Il a participé aux aventures du journalisme respectable, c'est-à-dire Hara-Kiri, Charlie-Hebdo (et un peu de Libé, au passage). «Et trente ans de pantouflage au Nouvel Obs'», lui lance, sur le ton du sarcasme amical, Hélène Hazéra. Delfeil de Ton, contemporain essentiel. Chroniqueur des petites lâchetés et autres ridicules de l'heure, et vrai philanthrope, donnant des coups de pouce à ceux qui le méritent : ses amis, bien sûr, et quelques menues causes qui ne font de mal à personne et un peu de bien à quelques-uns.

A voix nue offre l'occasion d'entendre celui dont la plume jubilante, et précise, nous guérit, chaque semaine, des horreurs langagières d'aujourd'hui (il a fait latin-grec en bon boursier de la république et a eu un admirable professeur). D'entendre son rire tonitruant, sa gouaille de titi (il s'en est pris au Canard enchaîné, «ne regrette rien», et rien que pour ça, il mérite son panthéon de vingt-cinq minutes). Il raconte sa guerre d'Algérie, dans un bureau d'Oran («On ne voyait pas beaucoup d'Arabes»), en bachelier privilégié parmi des troufions qui s'extasient de bouffer une mauvaise viande, et s'en souvient comme d'une entreprise de décervelage («On en sort en parlant comme des charretiers»). Pudeur est le mot qui le caractérise, lorsqu'il refuse de s'attarder sur son enfance, normale, de banlieusard, qui n'en fait pas une saga. Pudeur, même quand il évoque sa passion absolue, le jazz («Lester Y