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Libération
Critique

Mme la présidente est la plus belle

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publié le 27 septembre 2006 à 23h27

Avec près de huit mois d'avance sur Ségolène Royal, une femme est élue présidente de la République. Hélas (ou tant mieux, soupirent d'aise Sarkozy et Fabius), c'est pour de rire dans un feuilleton diffusé sur la télévision publique. Et pour une fois que la fiction française fait preuve d'un peu d'audace dans ses sujets, le scénariste Jean-Luc Gaget met les bouchées doubles. Grace Bellanger est non seulement la première femme chef d'Etat mais aussi une élue atypique, jeune (41 ans tout juste), issue du monde associatif et non des partis, qui prend des leçons de tango et va tomber enceinte dès les premiers mois de son mandat. Pas très crédible mais, comme le ton est à la fable humoristique, pourquoi pas... Plus gênante en revanche est la propension de Gaget et du réalisateur Pascal Chaumeil à faire le malin à grands coups de poses auteuristes (genre les seconds rôles s'adressent en aparté à la caméra) et de plaisanteries fines pour initiés du microcosme médiatique parisien tout en ouvrant grand les vannes de la démagogie. Haro, donc, sur l'ENA et ses conseillers forcément coupés de la réalité ! Du goudron et des plumes pour ces partis traditionnels qui veulent ruiner la carrière de cette présidente apolitique qui, elle, ne pense qu'au bien de la France et, même, du monde ! Bref, n'en déplaise à notre sens civique, on serait plutôt enclin ce soir à l'abstention, du moins télévisuelle. Dommage, car L'état de Grace sait par ailleurs toucher juste quand il moque les stratég