Après une première tentative intrigante mardi dernier (Au crépuscule des temps, de Sarah Lévy, Libération du 10 octobre), Arte persévère avec réussite, dans le genre trop rare à la télé, de la science-fiction. Nous sommes en 2032. L'héroïne d'Une famille parfaite est une jeune scientifique qui dirige un laboratoire de recherche, où des spécialistes des mondes parallèles essaient d'imaginer une autre histoire du XXe siècle. Alors qu'elle prépare une émission de télévision, Martha (la lumineuse Aïssa Maïga) est confrontée à la maladie de son père adoptif (Ulrich Tukur, vu dans Amen de Costa-Gavras) qui perd la mémoire depuis la mort de son compagnon. «Il devient évident que nous ne vivons pas tous dans le même monde, constatait Patrick-Mario Bernard sur le DVD de Dancing, son précédent film avec Pierre Trividic. Au train où vont les choses, c'est à se demander s'il est encore possible de raconter une histoire réaliste qui ne soit pas en même temps "fantastique".»
Dès la première séquence, Une famille parfaite joue avec brio de l'irruption de l'étrangeté dans le quotidien, par une mise en scène qui joue sur les différences entre futur et passé, entre réalité extérieure et univers intérieur par des oppositions de formes, de lumières, de couleurs. Les explications théoriques sur les mondes parallèles font écho aux souvenirs de petite fille de Martha, comme une métaphore de son enfance, «une autre dimension non pas antérieu