Londres correspondance
L'irritation couvait déjà depuis quelque temps dans les couloirs du Daily Telegraph, le premier quotidien de qualité britannique (900 000 exemplaires). Les journalistes ont donné hier, à 76 %, un mandat à leurs responsables syndicaux, qui se réuniront mardi pour décider ou non de passer à l'action, par la grève s'il le faut.
Métamorphose. La raison de cette effervescence ? La stratégie très moderniste de Will Lewis, le nouveau directeur de la rédaction du quotidien racheté en 2004 pour un milliard d'euros par les frères Barclay, deux septuagénaires écossais. L'idée de Lewis tient en un mot : métamorphose. Il s'agit pour lui de tirer un journal longtemps dévolu à un lectorat conservateur de vieux colonels à la retraite vers un public plus actif et plus jeune.
Et des bouleversements, Will Lewis en impose. Par exemple l'installation d'un hub rédactionnel dans des bureaux flambant neufs au coeur de Londres, près de la gare Victoria. Un hub ? Le terme signifie littéralement un «moyeu» en anglais et s'appliquait surtout jusqu'ici aux aéroports. Plus prosaïquement, il s'agit ici d'un vaste plateau de 6 000 m2 où les bureaux sont disposés en étoile. Une newsroom (salle de rédaction) dédiée à la productivité, où convergent et sont traitées toutes les informations.
Là, assurent les dirigeants, les journalistes se déplacent aisément d'un poste à l'autre et deviennent multifonctions. Ils peuvent rédiger des articles pour la version papier e