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Bus Stop

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CINéCINéMA Classic, 13 h 20.
publié le 6 novembre 2006 à 23h58

Ne pas oublier que Marilyn est une icône du passé. On la préfère morte ou malheureuse que vivante et vivace. On l'adore quand elle craque ou qu'on imagine qu'elle va se suicider, mais il est de plus en plus difficile pour le simple mortel ou le simple cinéphile de ressusciter la jeunesse de Marilyn, l'immortelle mais fugace image d'harmonie potelée, de bonheur noir et blanc, que ses premières photos et ses premiers films suggèrent. Revoir pour preuve Clash by Night (Fritz Lang, 1951), cette merveille d'humanisme et de naturalisme, où elle joue une ouvrière dans une usine de sardines, sanglée dans un jean à craquer. Mais on n'aime Marilyn que déprimée, à deux doigts du suicide, ou de cet assassinat politique qui fait rêver les quidams et les romanciers.

Et ta fiche cuisine sur Bus Stop, tu la fais ? On n'est pas là pour t'entendre rêver, Skorecki. Qui a parlé ? C'est toi, le crétin du troisième rang ? Sors ton cahier et prends des notes. Si Marilyn a fait, outre le Fritz Lang, quelques belles apparitions avant ce Bus Stop de 1956 (Quand la ville dort, Eve, Monkey Business) sans oublier deux chefs-d'oeuvre (Les hommes préfèrent les blondes, Rivière sans retour) et une pub (Sept ans de réflexion), elle n'a jamais été aussi ronde et épanouie que dans ce film de rien du tout du théâtreux de Broadway, Joshua Logan. Sur un fond cow-boy, face au délicieux Don Murray, elle rayonne en scope couleurs, sublimée par la belle photo du grand Milton