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Libération
Critique

John Carpenter plein cadre

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publié le 11 décembre 2006 à 0h27

Assis sur les collines d'Hollywood, d'où il contemple Los Angeles à perte de vue en contrebas, John Carpenter ressemble à un grand sachem. Ce plan apaisé ouvre et conclut le remarquable documentaire que le jeune réalisateur français ­ et grand fan depuis l'adolescence ­ Julien Dunand a consacré au réalisateur de The Thing. Un plan symbolique de la situation actuelle de John Carpenter, réalisateur de 68 ans «en semi-retraite» (Dunand dixit), qui n'a pas tourné pour le cinéma depuis six ans, mais qui sait regarder sa carrière passée avec le détachement et la lucidité des sages ­ «je suis un heureux réalisateur de films d'horreurs capitalistes», explique avec humour le vieil anar d'Hollywood.

En une heure et quart, Big John revisite les étapes marquantes d'une filmographie riche (Halloween, Fog, New York 1997...), en zappant heureusement la deuxième moitié des années 90 quand Carpenter, malade et las de ferrailler contre les studios, semblait en pilotage automatique. Mais en insistant avec raison sur ses talents de compositeur ­ Carpenter est l'un des rares cinéastes à avoir écrit les musiques de ses films.

Outre les témoignages chaleureux et souvent drôles de Carpenter, l'autre grand mérite du documentaire de Dunand est de mettre à mal quelques idées reçues. Carpenter, cinéaste engagé à gauche, serait «antiaméricain» ? «Fantasme», répond le critique Jean-Baptiste Thoret : «C'est un cinéaste profondément américain.» Et, au-delà de