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Libération

Le Lauréat

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TPS Cinétoile, 21 h 02.
publié le 29 décembre 2006 à 0h40

Le jeune Dustin Hoffman vampé par Anne Bancroft dans un hôtel californien, The Sound of Silence chanté par Simon and Garfunkel, le malaise d'une jeunesse écoeurée par le matérialisme de ses aînés mais plus insatisfaite que vraiment révoltée : il n'en fallait pas plus pour que le Lauréat devienne l'un des titres phares des années 60, toujours charmeur quatre décennies après sa sortie.

Réalisé en 1967, la même année que le Bonnie and Clyde d'Arthur Penn, le film très rentable de Mike Nichols va donner un coup de jeune aux studios américains et ouvrir la voie aux jeunes réalisateurs en colère (Coppola, Scorsese, De Palma, Romero, etc.) de ce que l'on appellera bientôt le «Nouvel Hollywood». Dans sa remarquable étude sur le Cinéma américain des années 70 (éd. des Cahiers du cinéma), Jean-Baptiste Thoret montre comment le film est, à l'image de son héros, en pleine crise existentielle : ils savent d'où ils viennent et ce qu'ils rejettent (le cinéma de «papa» pour le premier, la société de consommation corsetée des années 50 pour le second), mais pas encore où ils vont ni ce qu'ils désirent vraiment. Les pieds ancrés dans le passé, le Lauréat ressemble souvent à une comédie romantique à l'ancienne, voire à un mauvais vaudeville. Mais l'esprit tourné vers l'avenir, il se conclut par une fuite en bus dans ce qui ressemble à l'ébauche d'un road-movie, l'un des futurs genres emblématiques du cinéma contestataire. Un an plus tard, Peter Fonda tournera