Dire d'abord que c'est du second Elle et Lui, celui de 1957, qu'on reparle aujourd'hui. On n'en a pas fini. On n'en aura jamais fini. L'idée qu'on n'en aura jamais fini avec un film, c'est ce qu'on appelle l'amour. Rien que çà ? Oui. Rappeler aussitôt le nom du scénariste glorieux des deux versions (1938 et 1957) de cette histoire à pleurer : Delmer Daves. Rien que pour çà ! pour ces deux Elle et Lui chantant, il lui sera tout pardonné, même ses films de cinéaste trop bien pensant. Rappeler que l'autre scénariste n'est autre que le grand Leo McCarey, l'un des cinéastes les plus généreux et surtout les plus inventifs du grand Hollywood.
La version de 1957 d'Elle et Lui, celle que vous avez devant les yeux, est l'un des seuls vrais films culte de l'histoire du cinéma (le mot est pour une fois justifié), et l'un des films les plus copiés, cités, imités. Ce qu'on ne peut ni citer ni imiter, c'est le collage sensuel et inédit entre Deborah Kerr et Cary Grant, étrange mélange de frigidité spatiale et de moiteur amoureuse inédite. Ne pas manquer de dire que McCarey, qui avait appelé son premier Elle et Lui, Love Affair (littéralement une «histoire d'amour»), a appelé le remake de 1957 An Affair to Remember, pour bien montrer que cette histoire d'amour l'a marqué autant que les autres spectateurs. Il serait spectateur de son propre film ? Pourquoi pas ? Si tu essayes de l'oublier, cette «Love Affair», c'est elle qui se rappelle à toi. On y revient d