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Libération
Critique

Guyana, morts sur commande

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publié le 6 février 2007 à 5h52

C'est l'un des drames les plus meurtriers de l'histoire des sectes. Le 18 novembre 1978, la quasi-totalité des adeptes du Temple du peuple se suicide par empoisonnement ou est assassinée sur ordre de leur gourou. Neuf cent huit personnes, dont plus de trois cent enfants, vont ainsi perdre la vie au nom de leur foi à Jonestown, la «ville» ­ ou, plutôt, le camp de concentration ­ fondée par l'ancien pasteur américain Jim Jones au coeur de la jungle du Guyana. Ce massacre collectif avait déjà été évoqué «à chaud» par le Mexicain René Cardona dans l'épouvantable Guyana, la secte de l'enfer (1979), où des vieilles gloires hollywoodiennes telles John Ireland ou Joseph Cotten gaspillaient leur talent. Tim Wolochatiuk et Catherine Berthillier (réalisatrice en 1998, d'une remarquable enquête sur les Sectes tueuses) ont préféré la voie risquée du docu-fiction pour raconter les cinq derniers jours du Temple du peuple. Comme souvent, les scènes reconstituées plombent davantage le film qu'elles ne le servent ­ difficile de croire au charisme de Jim Jones en regardant le grand Duduche qui tente de l'incarner, et le doublage en français, calamiteux, n'arrange rien. Dommage car la partie documentaire, elle, est captivante, et d'une efficacité dramatique qui se suffit à elle-même. Les témoignages des rares rescapés de Jonestown (dont celui de Stephan, le propre fils du révérend Jones) font froid dans le dos, tout comme les archives exhumées par les deux réalisateurs. Dans un en