Toulouse de notre correspondant
Le journaliste du Canard enchaîné Louis-Marie Horeau se fait lui-même pan sur le bec : il manquait «deux ou trois conditionnels» dans l'articulet qui épinglait Pierre Hontang à la une de l'hebdomadaire satirique daté du 22 décembre 2004. Le procureur de Bayonne était présenté au mode indicatif comme ayant piqué la carte de crédit d'une consoeur lors d'une conférence en Allemagne pour aller consommer dans un claque de la ville. Le Canard enchaîné a d'ailleurs été condamné en référé pour ce fait.
Louis-Marie Horeau ne digère en revanche pas la condamnation de son titre, en référé cette fois encore, pour l'article paru sous sa plume le 27 avril 2005. A cette date-là, il développe l'accusation portée contre le procureur Hontang, mais en abusant cette fois du mode conditionnel et surtout en donnant la parole à la défense, c'est-à-dire présentant les explications du procureur.
Ce n'est pas pour «diffamation» que le magistrat Pierre Hontang a fait tomber le journaliste. Mais pour «atteinte à la présomption d'innocence». Autrement dit, regimbe la plume du Canard enchaîné, il sera bientôt plus difficile à un journaliste de rapporter les poursuites engagées contre qui que ce soit qu'à un chameau de passer par le chas d'une aiguille.
Cette affaire était jugée sur le fond hier à Toulouse, avec jugement au 17 avril. En attendant, le procureur a obtenu 102 000 euros de dommages et intérêts du Canard enchaîné par