«C'est ça le rodéo : tu te tapes 2 000 bornes pour monter un cheval et tu repars sans un rond.» Loin de chez lui où l'attend sa petite amie coiffeuse, seul dans une cafétéria déprimante, Clint Cannon en a ras le Stetson.
Et pourtant, le lendemain, le grand espoir de la «monte sans selle» reprendra la route vers Abilene (Kansas) ou Reno (Nevada) pour accumuler les points et tenter de se qualifier pour la finale du championnat national. Avec, en cas de victoire, l'espoir d'une prime qui lui permettra enfin d'acheter le ranch dont il rêve au Mexique. Mais également parce que malgré les cadences infernales, la concurrence accrue, les risques de blessure et les gains qui stagnent, «vivre comme les cow-boys d'avant, c'est être libre, assure le jeune Texan. Et le rodéo, c'est le summum de la vie de cow-boy.»
Le beau documentaire en forme de road-movie de Frédéric Laffont est empreint de mythologie hollywoodienne. Le film débute dans le décor minéral de Monument Valley, là même où John Ford tourna de nombreux westerns. Mais la longue route de Clint Cannon évoque davantage les nostalgiques Indomptables (The Lusty Men, 1952) de Nicholas Ray, où Robert Mitchum incarnait un cow-boy de rodéo confronté aux désillusions d'une modernité de plus en plus matérialiste.
Frédéric Laffont filme les survivances d'une Amérique éternelle où cow-boys et spectateurs communient dans les prières au drapeau et... aux soldats qui «se battent pour la liberté, loin de chez