Menu
Libération
Critique

Chemises noires en couleurs

Article réservé aux abonnés
publié le 14 février 2007 à 6h02

Le syndrome de la couleur a encore frappé. Le noir et blanc étant désormais, à de trop rares exceptions près, interdit d'antenne en première partie de soirée (les programmateurs des chaînes ont décidé que c'était rédhibitoire pour les téléspectateurs), mêmes les documentaires, fussent-ils historiques, se doivent d'être parés des atours de la polychromie. Et tant pis si les deux principaux procédés de tournage en couleurs (l'américain Kodachrome et l'allemand Agfacolor, lancés respectivement en 1935 et 1936) n'existaient pas lors de l'avènement de Benito Mussolini, sujet du premier volet de ce film consacré au fascisme italien.

Pour pallier la pénurie d'images en couleurs, le réalisateur anglais Chris Oxley a eu recours à deux expédients : coloriser artificiellement les documents d'archives et reconstituer des scènes avec des comédiens. Son film prend alors des allures de docu-fiction fauché, avec les mêmes images de repas bourgeois ou de Duce nerveux répétées en boucle. Dommage, car d'un strict point de vue historique, ce récit du fascisme italien se révèle de très bonne tenue, avec une analyse claire des origines du mouvement, une étude poussée des relations ambiguës entre le régime fasciste et son «cousin» nazi, et des images impressionnantes ­ les corps des Ethiopiens brûlés par les armes chimiques annoncent avec trente ans d'avance les ravages de l'«agent orange» au Vietnam.

On notera enfin l'incongruité du titre retenu par les auteurs de ce documentaire : le Fascisme i