Il n'est jamais trop tard pour réaliser ses rêves. Toute sa vie, Aimé a voulu voyager. Il a épluché les Guides bleus, étudié les cartes, consigné des itinéraires sur des feuilles blanches que le temps à jaunies. Et, à 91 printemps, l'ancien violoniste professionnel se décide enfin à franchir le Rubicon, ou, plutôt, la Méditerranée. Direction le Maroc où, devant la caméra complice de son petit-fils, le vieil homme semble rajeunir à vue d'oeil. Entre les remparts de Tanger et les champs de coquelicots aux portes de l'Atlas superbement filmés par Georgi Lazarevski, Aimé retrouve l'appétit, savoure les promenades dans le désert («Si je croyais au paradis, j'aimerais que ça soit une palmeraie»). Et finit par se confier. Le périple marocain devient alors un voyage initiatique, une méditation sur la vie, ses petits bonheurs et ses grands regrets. Quand son petit-fils lui demande de réagir au mot «oser», Aimé avoue : «Je n'ai jamais pu mettre ça en pratique.» Il aurait voulu être soliste, mais n'a jamais eu le courage d'affronter le chef d'orchestre. Il se serait bien vu gardien de phare, mais il aurait fallu «être célibataire». Les paroles d'Aimé font écho au témoignage de son épouse, Alice, qui, «pas du tout aventurière», a préféré rester dans son fauteuil pour écouter ses disques de Mendelssohn. «Je suis comme une feuille morte sur un arbre et je ne tombe pas», explique joliment la vieille dame, qui, entre deux remarques espiègles et deux photos
Au crépuscule d'une vie
Article réservé aux abonnés
par Samuel DOUHAIRE
publié le 15 février 2007 à 6h04
Dans la même rubrique