Kahina et Kevin viennent d'avoir 18 ans. Et leur avenir est en sursis, pour reprendre le titre du beau documentaire de Dominique Fischbach. Après une adolescence émaillée de rendez-vous devant les tribunaux pour enfants, les deux jeunes sont désormais convoqués devant la justice des adultes, elle pour violation de domicile, lui pour avoir provoqué un incendie. Kevin est une pile électrique qui semble toujours au bord du survoltage, Kahina a la colère et l'insulte faciles. Mais derrière les apparences, au-delà du cliché qui voudrait que le mineur délinquant soit obligatoirement une terreur, la réalisatrice décrit les doutes et les angoisses de deux grands enfants qui, plus jeunes, ont souffert d'un manque d'amour et, aujourd'hui, rêvent de se construire.
La dénonciation des idées reçues sur la délinquance des mineurs est également au coeur d'un documentaire très didactique de Canal +, la Juge et les Lascars. Samuel Luret et Jean-Thomas Ceccaldi ont suivi pendant plus de un an en Seine-et-Marne trois ados en rupture, ballottés de centres de placements immédiats en centres d'éducation renforcée. Nous ne verrons jamais le visage de Farid, Franck et Pierrick, mineurs au moment du tournage. Mais les deux réalisateurs ont transformé cette contrainte juridique en atout formel, les seuls plans des mains, du menton, des jambes des trois garçons donnant une puissance supplémentaire à leurs paroles. A l'heure où un ministre-candidat à l'élection présidentielle veut orienter la jus