Achevé en 2000, ce documentaire aura patienté six ans avant d'être diffusé sur le petit écran. Et encore, pas sur le hertzien, mais sur une petite chaîne spécialisée du câble et du satellite. Il faut dire qu'Audiences n'est pas tendre avec le système médiatique en général, et la télévision en particulier.
D'octobre 1997 à avril 1998, Rafaël Lewandowski a suivi les journalistes qui couvraient le procès de Maurice Papon pour «complicité de crimes contre l'humanité» devant la cour d'assises de Gironde. Le récit en marge des audiences devient ainsi un docu sur la fabrication de l'info. Comment rendre compte d'un cas judiciaire complexe quand un «papier» radio d'une minute ne représente que douze lignes dactylographiées ? Comment filmer un procès quand caméras et appareils photo sont interdits dans le tribunal ? Comment maintenir l'intérêt du public alors que les 95 audiences vont s'étaler sur plus de six mois ? Lewandowski filme la foire d'empoigne des cameramen à la chasse aux images dans la salle des pas perdus, la course incessante des reporters radio pour placer leurs micros devant les avocats dans l'espoir de la petite phrase qui tue. L'obsession du «coup» médiatique est d'ailleurs parfaitement assimilée par les victimes. Quand une association proche des parties civiles retransmet par haut-parleur le discours de Chirac sur la responsabilité de la France dans la déportation des juifs alors que Papon arrive devant le Palais de justice, le chroniqueur judiciaire d