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Libération
Critique

Les irradiés de la raison d'Etat

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publié le 16 mars 2007 à 6h39

Le 1er mai 1962, les militaires français basés en Algérie auraient mieux fait de respecter le code du travail. En ce jour a priori chômé, un essai nucléaire souterrain dans le Sahara tourna en effet au drame : un nuage radioactif s'échappa, contaminant légèrement quelques personnalités conviées à assister au spectacle (dont les ministres Pierre Messmer et Gaston Palewski) et, beaucoup plus gravement, des soldats affectés à la surveillance des lieux.

Cet épisode longtemps tabou de l'histoire contemporaine a inspiré l'énergique téléfilm de Jean-Pierre Sinapi, Vive la bombe ! Le réalisateur, déjà remarqué sur Arte pour son décapant Nationale 7 (sur un sujet tout aussi sensible, quoique dans un autre registre : la sexualité des handicapés), explique s'être beaucoup inspiré du style documentaire des fictions de Paul Greengrass (Bloody Sunday, Vol 93). Et ça se voit : tournage caméra à l'épaule pour donner un sentiment d'urgence sur le vif, personnages cadrés en plans serrés au plus près de leurs angoisses. Dans la tradition de la fiction «de gauche» des années 70, Vive la bombe ! dénonce les excès du pouvoir et la manipulation de l'opinion à travers la tragédie de quatre héros ordinaires : un jeune lieutenant idéaliste et ses trois appelés sacrifiés à une raison d'Etat qui voulait que la France dispose au plus vite de la bombe atomique, quitte à ne pas être trop regardante sur la sécurité des personnes. Les plans d'attente dans le désert au son du compt