Pratiquement inconnu en dehors de son Royaume-Uni natal, Alan Clarke (1935-1990) est sorti de l'anonymat en 2003 quand Gus Van Sant expliqua que son Elephant, palme d'or à Cannes, lui avait été inspiré par la vision d'un moyen métrage homonyme tourné quatorze ans plus tôt par le réalisateur britannique. L'Etrange Festival s'empressa alors de projeter le premier Elephant, et c'est peu dire que ce fut un choc tant par la violence de son sujet une succession de meurtres inexpliqués, sans lien les uns avec les autres que par la puissance de sa mise en scène la caméra placée dans le dos des personnages qu'elle suit en de longs travellings. La mini rétrospective organisée en 2004 dans le cadre du festival Paris Cinéma confirma la radicalité d'Alan Clarke : un observateur sans concession des années Thatcher qui ne baisse jamais les yeux devant les tares d'une société autant individualiste qu'inégalitaire (les skinheads dans Made in Britain, les hooligans dans The Firm...), et d'autant plus pertinent que, à la différence du Ken Loach des mauvais jours, il ne verse jamais dans le prêchi-prêcha moralisateur.
Tournée avant l'arrivée de la «Dame de Fer» au pouvoir, Scum est l'une des oeuvres les plus terrifiante de Clarke. Tellement terrifiante que la BBC, commanditaire de cette fiction quasi documentaire sur une maison de redressement, préféra l'interdire d'antenne en 1977. Deux ans plus tard, Clarke parvint à racheter les droits, à trouver des f