Harold Hervey, dit «Herk» (1924-1996), était un réalisateur de documentaires industriels, institutionnels et scolaires. Le genre de faiseur consciencieux capable de tourner à la chaîne plus de quatre cents films aux titres aussi sexy que Pourquoi étudier les sciences ? ou Santé : votre propreté. Pourtant, dans cette filmographie aussi morne que les oeuvres complètes du CNDP brille une perle inattendue. Sous ses apparences de modeste série B produite pour les drive-in du Middle West, le Carnaval des âmes (1962) se révèle l'une des oeuvres séminales du cinéma fantastique américain des quarante dernières années.
Difficile de ne pas penser à l'univers de David Lynch le réalisateur de Mulholland Drive a d'ailleurs reconnu que le Carnaval des âmes avait «souvent hanté [ses] rêves» devant ce portrait d'une femme fragilisée par des visions morbides à la suite d'un accident de voiture. Le maquillage charbonneux et la gestuelle saccadée des fantômes seront repris par George A. Romero dans la Nuit des morts vivants (1968). Quant à la révélation finale qui fait basculer le sens du film vers la tragédie, nul doute qu'elle a inspiré M. Night Shyamalan pour son Sixième Sens (1999).
Malgré quelques moments faiblards (les scènes dialoguées entre l'héroïne et son voisin dragueur), le Carnaval des âmes maintient de bout en bout un climat angoissant où réalité, rêves et fantasmes se confondent jusqu'au malaise. Le mérite en revien